Comment reprendre corps ?
Comment nous rapporter au corps, cet objet éminemment historique, domestiqué, violenté, pathologisé ?





LA PRATIQUE



CORPO PELVICO s’inscrit dans l’idéal éthique et politique du care où l’intime est traversé non seulement en lien avec le sujet individuel mais aussi en engageant une dimension collective.
Comme Silvia Federici affirme notre corps nous effraie, et nous le n’écoutons pas, je considère important dans le contexte actuel, hyper-technologique et accéléré, de créer des outils qui permettent de développer la conscience de sa propre dimension corporelle afin de se reconnecter avec soi-même, avec son intimité et sa profondeur. Notre lutte commence donc par une réappropriation de notre corps, une réévaluation et une redécouverte de ses capacités de résistance, une célébration de ses pouvoirs, individuels et collectifs.

© Stéphane Verin

Mon souhait est d’affirmer la maîtrise du corps à partir de la sphère pelvienne : centre de propulsion du mouvement, source de vitalité, génératrice de plaisir et lieu de manifestation de l’identité.


Je m’inspire librement du MFS — Mouvement Fondamental Subtil (concept conçu par Jean Louis Dupuy, ostéopathe et cofondateur en 1990 de la pratique somatique de la Danse Sensible avec son épouse Marie Dupuy et le danseur et chorégraphe Claude Coldy).

M.F.S

Est un mouvement très lent et profond. C’est une propriété du vivant, expression vibrant de la nature humaine.
C’est un mouvement qui représente le pouvoir d’agir de la Grande Nature (cosmos) qui vient à l’intérieur du corps.
C’est un mouvement extrêmement lent et incarné (en conscience).
Il y a un état physique relâché par un vécu calme, sereine.
Il y existe une relation entre la sensation corporelle et la sensation psychique, entre la lenteur et le bonheur (état de joie exceptionnel).

© Esther Genicot

À partir de 2019, je propose des laboratoires pour amateur..es et professionnel..les, ouverts à tous..tes .

La pratique, à la fois physique et chorégraphique, est donc basée sur la sphère pelvienne. Le bassin est le centre de départ pour développer et embrasser la reconnaissance, l’expression et la prise en conscience de soi.
L'approche somatique et sensorielle sera l'outil de travail fondamental pour ouvrir les capacités perceptives et sensibles du corps, en favorisant une économie de mouvement.




L’idée est de déconstruire, redécouvrir et donner voix à des méandres du corps inconnus, révélateurs d’empreintes du passé et des joies du présent, et ouvrant de nouvelles possibilités de mouvement.

Mon intérêt est d’explorer un geste primaire dans une écoute subtile du corps.

Partir de la réappropriation de cet espace intime est un acte politique de reconnaissance d’une mémoire individuelle et collective partagée.

© Claire Tonna / Massimo Malco

J’accompagne ce processus par le croisement des pratiques teles que la danse sensible, l’improvisation et la composition instantanée, et en utilisant l’imagerie et les images comme source d'inspiration. L'écriture et le dessin sont utilisés comme d'éventuels supports pour déposer ce qui reste de l'expérience vécue.

EXEMPLES DE TRACES




Dans le respect du rythme de chacune et chacun, je facilite l’ouverture d’un espace et d’un temps pour découvrir sa propre danse en sculptant archéologiquement les surfaces, les couches, les reliefs des mémoires intimes et universelles recueillies et contenues dans le corps pelvien.



º
2020

Juste avant le…
© Elisa von Brockdorff
Un germe de ce qui allait naître.

Strangers in a Strange Land : Une exposition pluridisciplinaire sur le fait d'être une femme dans un monde raconté par des hommes et conçu pour eux.

…Lock-down


w.
Un lieu de l'Origine.

Le souffle guide l'attention vers le portail pelvien de l'intérieur. Comme une vague, le silence révèle le mouvement, le mouvement devient danse, gémissement, chant ; dévoilant la voix du sacré, de l'animal, de l'humain, de la femme.

Devenir le corps, l'appartenance, le rappel ; se libérer de la honte.

w.
Womb
Femme
Guerrier
Wahine

Se souvenir que nous sommes complets, le singulier devient pluriel.
Du micro au macro, une Mosaïque de la vie elle-même.

w.
Il s'agit d'une vidéo d'art dansante qui présente un chœur pelvien de 13 femmes.

PRÉSENTATION
2022 11 International dancefilmfestival brussels l’art difficile de filmer la danse, dans les sections : X et Belgian Beauties (Bruxelles, BE) 2020 HomeVideoDance organisé par le "Festival International de Vidéo Danse" (Bourgogne, FR)

En nature, Forêt de Soignes, Bruxelles



Chasser l’intérieur
Pour retrouver
La sensation
Et le lien sensible avec le réel



Se sentir enveloppée d’une douceur et d’un calme. Ressentir et gouter la spongiosité dans l’air et dans la terre qui me touche, qui touche ma peau.
Ambiance utérine où les animaux se retirent pour s’éloigner des bruits humains.



Bouger sinueusement dans une vigilance confiante ou dans une confiance vigilante.

© Mira Matthew

Les habitants de la forêt sont des êtres invisibles.

º
2021


RICERCA X - THE EVER PRACTISING ARTIST | RESEARCH AND DRAMATURGY LAVANDERIA A VAPORE || TURIN, Italie – Juin, Septembre

C'est un retour au point. Au point d'origine. Qui suis-je ? Qui sommes-nous ?

A partir d'une enquête sur le féminin sacré, je fais appel à ma matrice pelvienne.

Je me dépose et je m’ouvre à l’écoute. Je suis le flux du souffle qui devient son, voix, chanson. Les segments corporels deviennent des supports qui ouvrent des espaces de mémoires personnels et universels, humains et non humains, au-delà du langage verbal.

Je traverse des paysages archaïques et surréalistes dans un voyage Trans-identitaire où l'unité devient multiple, où le je converge dans le nous.


Par la mise en place d'un état de présence réceptive, combinant certaines pratiques somatiques et énergétiques, je souhaite traduire ce processus introspectif et transidentitaire en une possible écriture chorégraphique où l'intime se fond dans le tout et l'individuel s'élargit dans le collectif.



Dans le partage avec un groupe d’artistes :
Michela Depetris, Marta Olivieri, Valerie Tameu, Amalia Franco, Elisa D’Amico, Francesco Dalmasso, Erika Di Crescenzo, Ambra Pittoni, Mirko Guido, Doriana Crema, Elisabetta Consonni.
J’ai proposé une possibilité de visiter et de revisiter des mémoires personnelles et archaïques déposées dans la sphère pelvienne : un souhaitable acte politique de reconnexion à la matrice du corps et à l'être qui danse.



Différents outils dramaturgiques ont été explorés pour orienter la recherche.

© Andrea Macchia

CHARLEROI DANSE
RÉSIDENCE DE RECHERCHE – Janvier

Rester dans ce temps dilaté, suspendu, tiraillé avec une conscience et un esprit présent à chaque instant, à chaque micromouvement, à chaque changement. Cela ressemblerait à un ralentissement de la temporalité de la conscience. Un changement de la fréquence vibratoire. Entrer, explorer, rester dans la lenteur pour arriver à une vitesse dense, consciente, intense.



Une trajectoire dramaturgique de la recherche est ma Utera avec ses chères sœurs pelviennes :

Les antennes Ovarines qui interceptent les messages interstellaires et profondément aquatiques; La Sacra qui l’enveloppe avec sa cavité osseuse primitive en lui donnant de petites décharges électriques provenant de ses terminaisons nerveuses; Sa sœur Pubica, avec ses branches pulmonaires et son corps fibreux, l'aide à s'étendre et à se contracter avec fluidité et harmonie ; La Perinea qui, avec sa musculature diaphragmatique dense et réceptive, la protège d’en bas en prenant soin de sa relation avec la terre-mère.

Je traverse Archéologiquement ma Dimora Pelvica en passant par des canaux sinueux, des reliefs, des paysages mystérieux, en connexion continue avec l'intelligence du Coeur. Par une économie du mouvement et une écriture chorégraphique organique, je souhaite donner voix et son aux gestes dansants de ma Moi féminine.



GARAGE 29
RÉSIDENCE DE RECHERCHE – Mars

Tout en restant dans l’organicité de la danse, un dessin structurel est présent dans la mémoire du corps, dans l’architecture d’une possible composition chorégraphique. A fur et à mesure, seules les traces les plus essentielles se déposent comme un geste, un paysage, une attitude possible d’une écriture chorégraphique.




GARAGE 29
RÉSIDENCE DE RECHERCHE – Avril

Dans la transe donc, on se trouve dans un état d’autohypnose avec le corps : c’est lui qu’on prend comme objet (et support) d’hypnose. L’effet du corps, entièrement pris dans le corps-mémoire, est soumis à l’hypnose à partir du corps actuel. Et cette auto-hypnose est à degré variable, selon l’intensité, le rythme, les mouvements du corps actuel. Ce sont des mouvements alternés où le corps est jeté-repris, perdu-retrouvé, perçu-rappelé … dans un jeu d’alternances plus vaste que celui de la présence-absence. (Ou plutôt, celle-ci joue à des niveaux différenciés). En tout cas, comme dans l’alternance du souffle (inspiration-expiration), on aboutit à une sorte d’orgasme – absence ou petite mort, appelée aussi transe. Elle est dite archaïque, régressive, primitive, avec retour à la mère … mais on oublie souvent que dans ce retour l’enjeu s’appelle naissance, remise au monde . La perte de conscience ou de contrôle qui s’y rattache est là pour signifier que le corps s’épure de ce qui entravait cette naissance, cette émergence de l’entre-deux-corps.

© Aleksandra Czępińska, Francesca Saraullo


CHARLEROI DANSE
RÉSIDENCE DE RECHERCHE – Juin

Un corps qui danse est un corps entre-deux : un corps-mémoire et un corps actuel. Le passage de l'un à l'autre, qui se fait toujours dans les deux sens en même temps, est à la fois un acte d'appel au présent et de rappel au passé ».


Comment j’active ou réactive des mémoires ?


º
2022


GARCIA LORCA
RÉSIDENCE DE RECHERCHE – Juillet, Septembre

Lectures, bribes de textes, explorations corporelles pour nourrir la recherche scénique et chorégraphique.



Le bassin est, ou a été pendant longtemps dans l'imaginaire commun, l'endroit où se trouvent les instincts les plus bas, ou ce que l'on appelle les pudenda (un mot que nous pouvons utiliser pour définir les organes génitaux externes, dérivé du verbe latin pudere = avoir honte).

Un grand oubli.

Le bassin est une véritable mine d'informations anatomiques qui ont trait à la physiologie quotidienne mais aussi à notre identité (quel que soit notre positionnement de genre à la naissance). Et je trouve ce trésor très précieux car, si nous trouvons le temps et la manière d'entrer en dialogue avec lui, nous pouvons récupérer des messages de première main (du passé, du présent et, peut-être, du futur) de notre propre corps. Et ainsi redécouvrir cette dimension corporelle où sont très probablement déposées des informations que nous avons niées ou effacées, ou dont les contours sont flous et difficiles à lire avec les catégories analytiques à notre disposition. Des données contradictoires difficiles à placer.

Mais toutes ces choses illisibles et peut-être retirées parlent de nous de toute façon. Le corps, je crois, contient des contradictions et n'a pas besoin de les résoudre mais, au contraire, de leur donner une voix.



     © Dessins de Laurence Demaret, photos Stéphanie Verin

Une constellation d’images nourrit le travail :

© Anne-Brigman, Claire Bauroff 



Comme des associations d'idées, des extensions du bassin, des transfigurations de la sphère pelvienne.



Un objet scénographique prend forme comme une expansion du corps pelvien.




MAROSI FESTIVAL – AROUND A PROCESS OF MAKING
RÉSIDENCE DE RECHERCHE – Août, Septembre


Appel au pouvoir du dedans
Le pouvoir du latin “podere”, être capable, qui vient du BAS
du désir, de l'obscur, de la terre, de notre divine
I N T I M E

Etat d’esprit, un changement de paradigme, de conscience par le BAS vers le HAUT.

© Giulia Ferrato 

CORPO PELVICO est une recherche autour du bassin en tant que symbole, métaphore et portail vers l’empowerement par le bas. En m'inspirant des mots de Starhawk dans son essai « Rêver l’obscur : Femmes, magie et politique », je recherche comment donner lumière, espace et présence à une zone du corps qui est tant intime et vulnérable que puissante et magique dans son essence transformatrice et créative.





ARTIST IN RESIDENCE (AIR 2022) ŻfinMalta - National Dance Company
RÉSIDENCE DE RECHERCHE – Juillet, Août

La pratique de recherche CORPO PELVICO élargit les horizons multimédias et culturels, ouvrant le travail à d'autres figures artistiques.

Dans le contexte résidentiel promu par la compagnie nationale de danse maltaise ŻfinMalta, j'ai proposé The Laboratory of the Pelvis : une résidence collective centrée sur le bassin en tant que générateur d'images, de langages et de sensibilités.



Quatre artistes locales ont participé de manière active : Margerita Pulè (curatrice et artiste plastique), Zoe Camilleri (danseuse), Abigail Agius (performeuse et artiste plastique), Claire Tonna (chanteuse).
Différents langages sont entrés en dialogue : le corps, la voix, le son, le dessin et la vidéo.



Mon intérêt était d'explorer un geste primaire dans une écoute subtile du corps en mouvement,



en recontactant l'essence vitale de l'être dansant en résonance avec l’imagerie du bassin.



Le projet a pris la forme d'une résidence intensive d'une semaine à ŻfinMalta, avec le groupe de collaboratrices et un cercle plus large d'artistes participant aux ateliers matinaux ouverts à la communauté de danse locale.



Le projet combine le corps et la politique dans le paysage de la danse contemporaine et vise à créer de nouvelles images chorégraphiques, visuelles et sonores à partir du noyau pelvien : un bassin autour duquel créer un laboratoire artistique et collectif.



© Margerita Pulè

The Laboratory the Pelvis était un bassin d'exploration qui s'est terminé par l'expérimentation d'un dispositif de présentation publique où la conception de la « curation » (dans l’art contemporaine) rencontre la chorégraphie : une exposition performative.

º
2023

CORPO PELVICO, D’UNE DÉMARCHE PÉDAGOGIQUE ET DE RECHERCHE À UN SOLO O.

De 2020 à ce jour, j’ai nourri ma démarche chorégraphique d’une démarche pédagogique et de recherche au cœur du partage parmi un public divers. Je suis passée d’ateliers destinés uniquement aux femmes analphabétisées, en collaborant avec des associations et des institutions publiques à Bruxelles telles que Infor Femmes, le CPAS, la Maison de la Création ; à d’autres ateliers ciblés avec des danseur·euse·s professionnel·le·s et amateur·e·s., en Belgique, en Italie et à Malte (comme mentionné précédemment).

Ces rencontres dans leur diversité m’ont permis de réaliser et de voir directement sur le terrain combien le travail spécifique sur la zone pelvienne est crucial et combien il est urgent de donner une voix à ce lieu si intime. 

D’où la nécessité de collecter, d’abstraire, de transformer le matériau accumulé et traversé depuis l’ aube de ce travail et de proposer une forme poétique pour la scène : O.



MAROSI meets KÖRPER, NAPLES, ITALIE
EXPOSÉ SUR UN PROCESSUS DE RECHERCE – Mars

Fenêtre dédiée à la découverte de la recherche artistique dans la création chorégraphique contemporaine conçu par Giulia Ferrato et Anna Basti (Festival Marosi Stromboli), en collaboration avec Körper - Centro Nazionale di Produzione della Danza (Naples).

Yonologue dansé racontant poétiquement la possibilité de se reconnecter à soi-même par un mouvement de réappropriation par le bas.

© Sabrina Cirillo




LEBAMP BRUXELLES, Mars | TEATRE DE SA TEULERA
– ANDRATX, MAJORQUE, Mai RÉSIDENCE D’ÉCRITURE


Je partage dans ce journal une sélection de textes (citations et extraits d'écrits personnels ex-novo) lus et générés avec la chorégraphe et dramaturge Alice Van der Wielen-Honinckx.

Affirmations (extraits de livres, citations)

º Casilda Rodriguez Bustos, « On accouchera avec plaisir », pp. 92, 93



º Casilda Rodriguez Bustos, « On accouchera avec plaisir », pp. 92, 93



º Daniel Sibony, « Le corps et sa danse », p. 328





Expression (extraits d'une écriture spontanée après un temps de méditation consciente sur le bassin.)

* Alice
* Francesca



* Alice



* Francesca



ALT – ATTRAVERSO LA TENDENZA FESTIVAL,
FLORIAN METATEATRO PESCARA, ITALIE

Festival émergent in Performing Arts sous la direction de Sibilla Panerai et Chiara Isabella Sanvitale.

1ème ÉTUDE «O.», création – Juin

A l’aube d’une forme poétique pour la scène : O.

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